04 septembre 2020

LES MOISSONNEUSES

Maintenant que j’ai assez de temps pour pouvoir regarder dans le rétroviseur je m’étonne d’avoir été accompagné, tout le long de mon chemin, par un fabuleux moissonneur.

Moisson 09

C’est une espèce de Canadien errant. Il s’appelle Neil Young et on a absolument le droit, si c’est votre cas, d’être passé à côté de sa voix nasale, de son rock lourd, de ses interminables soli de guitare électrique et de sa production pléthorique. J’en connais beaucoup qui, dans un autre genre, n’ont toujours pas lu Proust, par exemple.

Et justement, on va rire, c’est dans une ville appelée La Madeleine, chez mon copain Jean-Baptiste B. que j’ai entendu pour la première fois «Uncle Neil» et ses premières galettes plus ou moins «country» ou «country-rock».

Le chef d’œuvre du bonhomme dans ces années-là était un album intitulé «Harvest», sorti en 1972. Il y enfonçait des portes ouvertes comme «Un homme a besoin d’une femme» c’est pourquoi je suis comme toi, «Vieil homme», je cherche «un cœur en or» et je ne me paie pas de «mots» avant de faire ma «moisson».

Il remet ça en 1992 avec un album intitulé «Harvest moon». Mais pour illustrer le mot «éteule» – Que reste-t-il après la moisson ? Des éteules et des chansons ! – j’ai choisi de vous traduire-adapter-massacrer une autre chanson de l’album «Rust never sleeps» intitulée "Thrasher" (La moissonneuse).
Sans prétention aucune, comme est le bonhomme qui ne craint pas, depuis le confinement, de se faire filmer en vidéo en train de gratter-chanter-pianoter… dans son poulailler ou sous le porche de son ranch !

 



Ecrit pour le Défi du samedi n° 627 à partir de cette consigne : éteule

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LES MOISSONNEUSES – Neil Young (adaptation de Joe Krapov)

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Ils se cachaient dans les meules de foin
Ils plantaient à la pleine lune
Ils donnaient tout ce qu’ils avaient
Pour quelque chose de nouveau

Ils avaient la lumière sur eux
Et malgré la grande faucheuse
Des diamants brillaient pour eux
Dans la rosée

Et c’était là mon commencement
Mes premiers pas dans le jour
J’essayais d’attraper le soleil

Et quand j’ai vu passer la moissonneuse
J’ai regardé ses deux traces
Et j’ai senti qu’c’était le début de ma route

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Là où l’aigle plane très haut
Sur les boucles d’une rivière
Dans les gorges des Changements
Où Dame Insomnie nous attend

J’ai cherché mes compagnons
Perdus dans la poudre des canyons
Où des aiguilles de cristal
Font croire au paradis

J’ai compris que j’avais assez fait flamber
Ma carte bleue pour de l’essence
Et là où les pavés deviennent la plage

Avec un aller simple pour la Vérité
Et ma valise à la main
Je suis monté dans l’ train des amitiés perdues

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Ils avaient du premier choix
Et s’empoisonnaient tranquilles
Ils n’avaient besoin de rien
Et plus rien à prouver

Comme des formations rocheuses,
Transmués en bancs publics
Sur les trottoirs et dans les gares
Ils sont restés attendre attendre

Alors j’en ai eu marre et je les ai quittés
Ils n’étaient qu’un poids lourd pour moi
J’avance beaucoup mieux sans ce fardeau

Ca m’ rappelle l’époque de mes neuf ans
J’regardais sur la télé de maman
L’épisode du sauvetage du Grand Canyon

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Par-dessus l’autoroute courbe
Le vautour fait de larges cercles
Je traverse les bibliothèques
Les musées les galaxies les étoiles

Des couloirs venteux de l’amitié
A la rose coupée par le fouet
Le motel des amitiés perdues
Tend son bar et sa piscine chauffée

Mais moi je ne m’y arrêterai pas
J’ai mon propre sillon à creuser
Une ligne de vie dans le champ du Temps

Et lorsque viendra la grande Faucheuse
Elle me coincera comme un dinosaure dans un temple
Mais je saurai alors donner tout ce que j’ai

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