J'AI DES MONSTRES
J’ai des monstres.
J’ai des monstres dans mon salon.
J’ai Arthur le fantôme qui traverse les murs et traite tout le monde de « boulets ».
J’ai Jacques Flash, l’homme invisible.
J’ai Group-Group, la copie du Marsupilami.
J’ai des monstres dans ma cuisine.
J’ai Rahan, l’homme préhistorique et son collier de griffes hérité de Crao. Sur le couvercle noir de la cocotte-minute, il faut tourner son coutelas en hurlant « Moi vouloir retourner âges farouches ! Pas glop ! Pas glop, coronavirus !
J’ai Davy Crockett qui signale qu’il n’y en a plus pour le chat (des croquettes). Je n’ai jamais eu de chat, Monsieur, ou alors, il y a longtemps et il ne sentait pas bon.
Oui, j’ai des monstres plein le lac, de celui du Loch Ness à celui de Chick Bill sans oublier cette Odyssée du Kara-Ko, une aventure de Nique et Prune mais on ne sait jamais qui est Nique et qui est Prune.
J’ai des affreux électroniques, des martiens verts de science-fiction, j’ai zappé Hulk, largué King-Kong et oublié quel drôle d’oiseau pouvait être ce Cracoucass !
J’ai des trésors de vieillerie dessinés sur papier jauni, des images riquiqui du chevreau Roudoudou, des animaux qui parlent comme le perroquet d’A. Babord ou le cheval de Lucky Luke. J’ai des monstres d’hier, Rascar Capac et la momie d’Adèle Blanc-Sec, le Raspoutine de Corto, l’Ombre jaune de Morane et toutes ces frayeurs enfantines conservées, paradoxalement, me gardent à l’abri des guerres des adultes, plus terrifiques encore car hélas bien réelles.
illustration empruntée à M. Herra.
Ecrit pour l'Atelier d'écriture de Villejean du 2 juin 2020
d'après la consigne ci-dessous