09 mai 2020

35 ANS D’ÉCRITURE !

Mon petit-cousin Guy L. me demande de lui parler de mon activité d’écriture ! Il est fou, lui ! Il ne sait pas qu’il ne faut pas donner le micro à Fabrice Lucchini, qu’on va avoir droit à son show inarrêtable et qu’on ne pourra jamais rendre l’antenne aux studios de Cognacq-Jay ? Demander à un graphomane de raconter sa vie, ou plutôt son absence de vie, son artisanat monastique, son vautrage complaisant dans l’inutile des mots ? Autant interroger l’Amélie-Mélo Nothomb pour savoir si elle ne travaille pas du chapeau !

Mais pour une fois je serai bref (enfin j’espère).

Après notre départ de Paris pour Sablé-sur-Sarthe en 1985, j’ai continué à écrire des petits poèmes dans des cahiers à petits carreaux. Nous avons surtout été occupés là-bas par « l’élevage de nos deux queniaux », entendez l’éducation de nos deux enfants, un gars et une fille, nés en 1986 et 1988.

Karpov-Kasparov

Pour l’anecdote, c’est en 1989 que j’ai adopté le pseudonyme de Joe Krapov, par autodérision : je jouais alors au club d’échecs local et nous disputions le championnat départemental par équipes où je prenais parfois quelques pâtées sévères face à des gamins de huit ou dix ans. Comme nous étions dans la pleine période des affrontements Karpov-Kasparov et de l’arrivée des systèmes informatiques dans les bibliothèques, le jour où il a fallu choisir un pseudo pour travailler dans BN-Opale, ce fut « Krapov » qui sortit !

Mes aventures littéraires ont pris un tour particulier en 1992 quand j’ai voulu sortir de mon confinement au club d’échecs local et rendre publics mes petits poèmes et mes petits dessins. J’ai joué à l’auto-éditeur !

J’ai rassemblé ensuite cela sur un site web intitulé « De Sablé-sur-mer à Solesmes-les-Bains ». Attention, design web garanti XXe siècle !

J’ai gardé pour moi les autres écrits satiriques de cette période : deux pièces de théâtre et deux recueils de lettres aux élus ou de chroniques humoristiques de la vie politique locale… que j’ai même déposés à la Bibliothèque Nationale !

C’est que j’avais fini par avoir maille à partir avec l’équipe municipale locale emmenée par un dénommé François Fillon, alors élu avec des scores soviétiques du genre 85% des voix au premier tour ! Passons !

Nous sommes arrivés à Rennes en 1997 et là nous avons retrouvé l’ordre normal des choses. J’ai surtout mis les pieds, à mon arrivée, dans l’Atelier d’écriture de Villejean qui était alors l’émanation d’un Réseau d’échanges de savoirs basé à la Maison de quartier.

En 1998 j’ai gagné le premier prix bien doté d’un concours d’écriture organisé par le Musée des Beaux-arts de Rennes. Ca nous a permis de retourner à Venise où nous étions déjà allés en 1993.

Ma copie est ici : Le Musée des bizarres de Rennes. Elle représente bien le style Krapov, très inspiré d’Alphonse Allais, Pierre Dac et autres amuseurs de la littérature et de la chanson françaises.

isauresenva

En 1999 j’ai été l’un des quatre lauréats des bourses site web de la ville de Rennes avec un projet d’atelier d’écriture en ligne consacré à l’exploration en images de la ville de Rennes. Cela s’appelle Rennes-en-Délires, c’est un roman-puzzle interactif, ça tourne autour du portrait d’Isaure Chassériau et cela a fonctionné jusqu’en juillet 2002. C’est resté en place ici.

En 2005 j’ai participé à un autre projet local « Tout Rennes blogue » et sur la lancée, en 2006, j’ai entrepris d’alimenter un blog personnel pour publier mes photos avec des petits commentaires rigolos dessous : Joe Krapov partage ses images.

En 2012 j’ai changé d’hébergeur et de nom pour mon blog photographique, littéraire et musical. C’est désormais Mots et images de Joe Krapov.

J’ai dit que je ferais court alors résumons brièvement ma participation régulière, depuis 2008, à trois ateliers d’écriture en ligne hebdomadaires : Kaléïdoplumes, Les Impromptus littéraires et Le Défi du samedi. Je participe toujours au dernier et je recueille sur mon blog les textes d’atelier que j’ai écrits ici et là depuis 2013.

Je suis devenu l’animateur principal de l’Atelier d’écriture de Villejean en 2002 et j’entretiens à ce titre un autre blog sur lequel je recueille les textes que ces dames veulent bien me transmettre. Ca marche d’enfer depuis le confinement. C’est ici... et comme je fais également partie de l’équipe d’Histoires ordinaires/Villejean on peut lire là pourquoi nous avons tant de plaisir à écrire en mode oulipien à partir des images de Plonk et Replonk, des tics de Philippe Delerm, des aventures de Rimbaine et Verlaud, de Laure Manaudou, de Jean-Claude Van Damme et j’en passe !

Ah non, n’oublions pas le projet fou d’écrire 99 exercices de style, à la façon de Raymond Queneau mais en beaucoup plus étoffé, sur l’histoire de Saint-Georges et le dragon (je suis rendu à 54, très bonne année pour les Bordeaux rouges et les centrales d’achat pour cadres !)

Bon, à part ça, quand je m’ennuie, je joue aussi de la musique. Mais ça, si j’en parle, ce sera dans un autre billet !

Posté par Joe Krapov à 13:32 - - Commentaires [4] - Permalien [#]
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LE SLAM DU WIGWAM

Je veux dire le slam du wigwam,
Déclamer le blues du papoose,
Crier les mots des maux des squaws
Et jeter l’anathème du totem
Sur l’oncle Sam, c’est-à-dire nous,
Colons d’Europe, Espagnols gnols,
Irlandais affamés de la ruée vers l’or,
Anglais bouffis de l’eau de feu,
Français trafiquants d’armes,
Saxons envahisseurs,
Le fusil toujours prêt
A saisir des terres nouvelles.

Peu importe l’amer Indien !
L’histoire l’appellera « sauvage »,
Nous lui amènerons la civilisation,
Qu’il le désire ou non,
S’il le faut au son du canon !

Nous avons dérobé toutes les ruses des Sioux,
Anéanti les Mohicans jusqu’au dernier
Car nous n’étions Pawnees de la dernière pluie.

Nous avons semé le tonnerre à l’ouest,
Nous les avons poussés sur le sentier des larmes
Et sur le territoire de leurs tribus fantômes
Nous avons avancé le grand cheval de fer,
La caravane, la diligence, le fil qui chante,
Posé des barbelés sur la prairie
Dicté la loi du 20e de cavalerie.

La ville se construit en dur,
C’est le progrès ;
Il faut savoir tourner, l’Apache,
Les westerns d’Hollywood
Où tu tombes du cheval,
Pagaies en canoë vers ton destin fatal
D’anéantissement total.

Je voulais crier le slam du wigwam
Déclamer le blues du papoose
Dire les mots des maux des squaws
Et jeter l’anathème du totem
Sur l’oncle Sam
Mais mon souffle tourne court,
Ma fièvre redescend :
Le postillon de mon discours
N’est absolument pas viral
Et ne peut pas grand-chose contre l’état dictatorial
Du mouvement capital
A part ceci, très dérisoire,
Que j’applaudis tous les soirs
Son arrêt provisoire à la station « Bazar »
Et que je rêve de planter
Un jour ou l’autre, en Normandie,
Mon tipi !



Ecrit pour le Défi du samedi n° 610 d'après cette consigne : wigwam.