Le Grenier des anges à Rennes le 28 décembre 2019 (1)
Le Grenier des anges est un magasin d'antiquités qui a longtemps été installé rue Hoche dans une boutique "basse" : il fallait descendre une ou deux marches pour pénétrer à l'intérieur. Il fallait aussi baisser la tête pour entrer.
Je viens de retrouver sur Internet, dans un diaporama mien qu'on m'a emprunté pour en faire je ne sais trop quoi, une photo de la jolie devanture bleu ciel. La voici :
La boutique a déménagé un peu plus bas et est installée maintenant dans la rue qui relie la place de la Mairie à la fontaine de Parmiggiani. Oui, c'est ça, la rue de Coëtquen, ça m'est revenu avant que M. Google-Maps ne m'affiche son plan foireux où l'on voit plus les noms des boutiques que les noms des rues.
Il y a peu, au moment des illuminations de Noël, j'ai photographié des objets dans la vitrine. Les voici :
Le Grenier des anges à Rennes le 28 décembre 2019 (2)
Avant de montrer trois autres objets du Grenier des anges, je rappelle aux Non-Rennais·e·s que la fontaine de Parmiggiani a cette tête là. Oui c'est un peu bizarre mais c'est lié aux éffets créatifs dont j'ai encore abusé ce soir-là. Le plus surprenant est surtout qu'aucun muséologue, à part moi, n'a décelé qu'il s'agissait ici de la tête qui manque à la fameuse Victoire de Samothrace !
Fermons la parenthèse !
Si je consacre deux billets à ce "Grenier des anges" c'est qu'il m'a inspiré, en avril 2004, un texte que je viens de retrouver. J'ai en effet pris un peu de temps ce jour pour commencer à faire du ménage dans mon propre grenier. Ce qui m'amuse dans le texte ci-dessous c'est que j'y envisageais déjà... une lettre à Rimbaud !
QUOTIDIEN ETERNEL (cours d’angélologie n° 1)
Le jour où nous irons dans le grenier des anges
Nous trouverons peut-être, au fond d’un coffre lourd,
L’ultime symphonie de Beethoven le sourd
Et du divin Messiaen « avec chœur de mésanges ».
La toile qui voisine est un Van Gogh récent.
Les orangers, le long de l’allée bleu ardoise
Tracent un chemin d’ombre où flambent, sous la toise,
Des framboises superbes. Un peu plus loin, Vincent
Trempe dans l’encrier la plume d’oie ancienne.
La lettre est adressée à Jean-Arthur Rimbaud.
Il lui dit l’hérésie de la plaine de Baud
Et lui chante le crépuscule incandescent de Sienne
Avec passion. Il y aura, dans le grenier ;
De vieux costumes d’opéra grandeur nature.
L’oiseleur autrichien rêvera d’aventure,
De princesse facile et de main au panier.
Le jour où nous irons dans le grenier des anges
Nous ne connaîtrons rien, rien de sa vie privée,
Rien de la maison bleue où la belle arrivée
La veille chante à l’aube une romance étrange
Sa chanson parle de Venise et de Florence,
Du parfum de ces lieux et des couleurs du temps
Et de la danse des lutins, du vieux printemps
Qui vit naître Vénus avec indifférence.
Nous trouverons, sous la poussière extravagante,
Mille trésors insoupçonnés, venus sans doute
De l’hémisphère Sud, abrités dans la soute
D’un navire ancestral à la coque élégante
Et lorsque sonnera la cloche de midi,
Nous quitterons heureux les combles du château.
Nous reprendrons nos ailes au vieux porte-manteau
Et nous irons manger au R.U.* du paradis.
* Pourquoi ne pas imaginer en effet le paradis comme une université idéale au sein de laquelle on aurait tout loisir, l’éternité aidant, de s’intéresser enfin et uniquement à ce qu’il y a de meilleur dans les actes de l’homme ? La seule incongruité potentielle de ce dernier vers ne réside pas dans l’existence d’un Restaurant Universitaire dans un tel paradis mais dans le fait que les anges, qui n’auraient pas de sexe, paraît-il, y auraient un estomac ! Tout cela demande à être vérifié sur place, mais personnellement je ne suis pas pressé d’y aller voir.
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 27 avril 2004 d'après la consigne ci-dessous
CONSIGNE D'ÉCRITURE DU MARDI 27 AVRIL 2004 A L'ATELIER DE VILLEJEAN
Le logorallye des boutiques de déco et de cadeaux de Rennes
Dix noms ou groupes de mots sont dictés par l’animateur. Les écrivant.e.s ont mission de les intégrer dans un texte plutôt poétique dont les verbes seront, si possible, au futur simple.
On apprend à la fin de la séance que les dix noms sont ceux de boutiques rennaises ou l’on peut se procurer des cadeaux ou des éléments de décoration.
Ici, les dix enseignes sont :
Le Grenier des anges
L’Encrier
Les Orangers
Grandeur nature
Hémisphère Sud
La Maison bleue
Passion
La Plume d’oie
Couleurs du temps
Vie privée
Bleu ardoise