De Gernelle à Rumel : randonnée ardennaise du 15 juillet 2017 (2)
Cher Monsieur
Mais il était parfait, ce camping !
D’abord, sur Internet il est le seul qui ne réclame pas qu’on lui verse des arrhes le jour où on réserve un emplacement pour une tente, deux Krapov et un branchement électrique.
C’est tellement rare de nos jours de se pointer avec une simple confirmation de réservation envoyée par mèl qu’on est vraiment très content, en arrivant en voiture dans Charleville-Mézières de constater que ce camping existe réellement et surtout qu’il est superbement fléché.
Nous y avons reçu un très bon accueil et j’aurais même pu, je crois, si je l’avais demandé, ne porter règlement de notre séjour que la veille de notre départ. Je ne sais si vous voyagez beaucoup en dehors du secteur carolomacérien mais c’est un état de fait très rare désormais. Partout ailleurs, on vous fait payer à l’arrivée maintenant et tant pis pour votre pomme si on vous téléphone que vous avez laissé le robinet de votre baignoire ouvert, que ça déborde chez le voisin du dessous, que votre écurie est en flammes, que votre oncle le marquis de Venturette s’est suicidé, que, si vous voulez héritez d’un tant soit peu de restes non calcinés de ses biens, il vous faut assister aux obsèques, à l’ouverture du testament chez Maître Raimbaux, le tant à telle heure, bref s’il vous arrive un nain sur un pont d’érable comme on dit au Québec.
Qui plus est, Mme Bourgeoizovna, mon épouse, électrice écologiste de longue date et donc devenue denrée rare en ces temps de macronisme galopant, tient à vous féliciter d’avoir mis en place dans votre aimable contrée un système de tri sélectif des déchets en vue du recyclage des papiers, des pots de yaourt, du PS, de l’UMP-UDR-RPR-LR, du verre, des bouteilles de « Cuvée Rimbaud » et des proses de baveur à la poupe. Elle vous félicite mais regrette bien d’avoir mis trois jours à localiser dans le camping l’endroit où déposer son sac gris et son sac jaune !
On ne prévient pas non plus les campeurs qui souhaitent s’adonner aux joies rimbaldo-verlainiennes de la séparation des déchets que votre administration n’a pas mis en place de containers distinctifs pour les sacs gris et les sacs jaunes. « Le tri des sacs sera ffectué après le hold-up du train postal » comme disait Pierre Dac à la radio de Londres dans les années quarante.
Ca aurait été bien aussi de mettre des porte-manteaux dans les cabines des douches des dames mais je peux témoigner qu’il y en avait dans celles des hommes. Je ne vous fais donc pas remonter cette doléance-là, ça me permet de me montrer un peu macho dans ce pays où des gamins de quinze ans viennent tourner autour du camping en clamant en boucle « On va casser du pédé ! On va casser du pédé ! ».