Entre Perros-Guirec et Ploumanac'h (Côtes d'Armor) le 29 décembre 2017 (1)
Voici l'époque des cartes de voeux. Marina Bourgeoizovna dont le réseau relationnel est plus étendu que le mien en a reçu une de sa prof de taï chi. A vrai dire c'est plus une lettre de voeux qu'une carte. Elle débute par un poème qui s'intitule Ode à la vague. J'entreprends de le lire et je commente, une fois arrivé en bas de la page : "Elle devrait venir à mon atelier d'écriture. Elle écrit vachement bien !"
- Ce n'est pas d'elle, c'est de Néruda.
Zut ! Il y a un verso à la feuille et effectivement, sous la suite du poème on lit la signature du poète chilien. Tu viens nous rejoindre quand tu veux, Pablo !
Quand je vous disais que je devrais me taire plus souvent !
Ode à la vague
Encore une fois
mon vers se tourne
vers la vague.
Je ne puis m’empêcher
de te chanter,
mille fois mille,
mille fois, ô vague,
fiancée fugitive de l’océan :
vénus verte,
élancée
tu hisses ta cloche,
et de là-haut,
tu laisses tomber
des lys.
Entre Perros-Guirec et Ploumanac'h (Côtes d'Armor) le 29 décembre 2017 (2)
Ô lame
Incessante
secouée
par
la
solitude
du vent,
érigée comme une
statue
transparente
mille fois mille
cristallisée, cristalline,
et puis
tout le sel à terre :
le mouvement
se fait écume
puis de l’écume la mer
se reconstruit
et de nouveau ressurgit la turgescence.
Entre Perros-Guirec et Ploumanac'h (Côtes d'Armor) le 29 décembre 2017 (3)
Et de nouveau,
cheval,
pure jument
cyclonique
et ailée
la crinière ardente de blancheur
dans l’ire de l’air
en mouvement,
tu glisses, tu bondis, tu cours,
conduisant le traineau
de la neige marine.
Entre Perros-Guirec et Ploumanac'h (Côtes d'Armor) le 29 décembre 2017 (4)
Vague, vague, vague,
mille fois mille
vaincue, mille
fois mille dressée
et déversée :
vive
la vague
mille fois immortelle
la vague.
Pablo Neruda, Tercer libro de las odas, 1957