CONFUSION MENTALE
J’étais peinard dans le grenier en train de séparer le bon grain de l’ivresse, de faire du ménage pour la prochaine braderie quand je suis tombé sur la reproduction assez volumineuse de ce monument égyptien qui trône sur une place de Paris. J’ai du mal à trouver mes mots. C’est ça, oui, merci, l’obélisque !
Il me venait de mon grand-père, qui le tenait de son grand-père qui l’avait obtenu de Bernard Lavilliers. Ou de Line Renaud, je ne sais plus. Ou de Chanson plus Bifluorée.
Devait-on garder ça et si oui pour quelle utilité ? Un cure-dents géant ? Un symbole de concorde entre les peuples ?
C’est à ce moment que Germaine est rentrée, de retour de sa crise de noctambulisme, allumée comme un sapin de Noël en manque de boules et de guirlandes.
- Quand tu auras fini de vider le grenier, tu descendras à la cave ? qu’elle m’a demandé d’une voix suave, sans doute pour rimer avec cave, qu’elle me prend toujours pour un.
C’est là que j’ai trouvé une utilité au menhir égyptien.
- Je ne suis pas ton odalisque ! ai-je crié en la frappant à coup d’obélisque.
Ce en quoi j’étais en pleine confusion mentale : une odalisque n’est pas une esclave sexuelle mais la femme de chambre vierge des esclaves sexuelles !
Là où je me trompais aussi c’est qu’il a bien fallu que j’y descende à la cave. Pour enterrer une momie, y’a pas mieux comme endroit. Enfin, une mummy . Refroidie. Glaçante puis glacée.
J’ai mis l’obélisque avec. L’arme de l’ice-cream.
Ca sera toujours ça de moins à proposer à la vente le jour du vide-grenier !
Cet hommage-emprunt à Vegas-sur-Sarthe
a été écrit pour les Impromptus littéraires du 20 novembre 2017
d'après cette consigne : vide-grenier.
P.S. On notera que l'auteur s'est imposé comme surconsigne de respecter celle du Défi du samedi : "obélisque" et "odalisque", de même qu'il s'est ajouté "vide-grenier" pour son texte du Défi ! On ne pouvait faire plus efficace en matière de confusion mentale !
VIDE-GRENIER
Dans le grenier aux mille frusques,
Encadrée par la soldatesque,
S’agite l’odalisque brusque,
Pour une braderie dantesque.
Telle, au désert, une bourrasque
Elle remue tapis et vasques
Et statuaire éléphantesque,
Confisque tout le pittoresque
Du harem devenu burlesque.
Sa danse est une bergamasque !
Shéhérazade s’en inspire
Et s’en redescend pour écrire
Ceci :
L’obélisque est gigantesque,
L’odalisque est fantasque,
Moi je rêve de Manosque.
Qu’y boirai-je ? Une mauresque !
Jouer des musiques sous le kiosque
A la Daft Punk, dessous un casque,
Peindre mille et mille arabesque
Orner des boucliers étrusques…
Dois-je citer toutes mes frasques
Ityphalliques et pioupiesques ?
Prescription pour le pays basque ?
Je n’ai pas dégradé de fresque
Mais Omar a « manger » la bisque !
Pourquoi changerais-je de disque ?
Pourquoi tomberais-je le masque ?
L’exercice n’est pas sans risques :
Un jour nous aurons les joues flasques,
Nous serons des vieillards grotesques
Car toute existence est farcesque.
Sarcey se prénommait Francisque,
L’obélisque sera clownesque
On n’était pas chevaleresques
Mais juste… abracadabrantesques » *
Ce que la conteuse nous chante
Finira-t-il à la brocante ?
Se pourrait-il, par aventure,
Que ses mille nuits d’écriture
Disparaissent dans la nature ?
Qu’un heureux acheteur du souk
Les emmène dans sa felouque ?
Se peut-il qu’un jour sur E-bay
Parmi d’autres trésors livresques
Un libraire ému les débusque ?
Ou suis-je par trop romanesque ?
* Oui, j’ai oublié de citer nommément l’astérisque.
C’est pour ça que j’en ai mis un quand même sous cette forme-là.
Tant pis s'il ne sert à rien !
Revendez-le au prochain vide-grenier près de chez vous !
Ecrit pour le Défi du samedi n° 482 d'après cette consigne :
obélisque et/ou odalisque
A COMME ARTHUR
Je crois que je ne serais pas moi-même si je laissais passer ce "A comme Arthur" !
Tous mes billets de la semaine dernière auraient pu s’intituler "B comme brumes matinales" tant j’ai pris en ce mois de novembre de photos, naturelles ou trafiquées, de brouillard sur Lannion, sur Redon, sur Rennes et sur le chemin qui mène aux étangs d’Apigné.
Et c’est là justement, au kilomètre deux, entre le petit manoir et le croisement du chemin de halage avec la route de la Prévalaye, que se trouve, sur la gauche, un mur d’une cinquantaine de mètres sur lequel on a peint, récemment, des trognes d’aventuriers louches, africains ou sud-américains, dont je ne vous dis que ça !
Cela ne m’étonnerait pas que ces gars-là aient acheté leurs pétoires préhistoriques au dénommé Rimbaud à son retour de chez le roi Ménélik !
Arthur, on y revient toujours. Comme disait la belle Hélène « C’est la fatalité ! C’est ici qu’elle me mène, hélas ! ».
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean
le mardi 21 novembre 2017 d'après cette consigne.
P COMME PARAPLUIE
Je me souviens encore très bien de ce concert du groupe Nirmaan à Transat en ville. J’y suis descendu tout seul avec mon pliant sur l’épaule. Ce jour-là, comme il avait plu, le pliant sur l’épaule a été l’assurance de poser ses fesses sur une surface de toile sèche. Parce que les transats étaient plutôt en vrille ! De jolies flaques invitaient les grenouilles, de bénitier ou pas, à aller s’asseoir ailleurs ou à rester debout.
La chanteuse indienne était très jolie, la musique exotique à souhait même si jouée au saxophone amplifié et déformé par des pédales d’effets. J’ai pris des photos mais on voit surtout dessus le parapluie du mec devant moi qui offrait un coin de paradis sec à sa voisine.
Sur la fin du concert je me suis levé et rapproché pour aller m’agiter au pied de la scène. C’était justement la danse du chameau et il s’était remis à pleuvoir. Chaude ambiance pourtant, rappels à répétitions, danseurs en transe. Puis je me suis éloigné, j’ai fait le tour de la place et photographié les parapluies. J’en ai mitraillé un qui était très joli, orné de représentations des bâtiments les plus emblématiques de Rennes. Et puis à un moment une dame m’a demandé : « Vous ne vous êtes pas inscrit pour la visite nocturne de Rennes ? Il est encore temps de le faire ! ».
Je lui ai répondu : « Non, désolé. Je ne peux pas, on m’attend chez moi ». Ce n’était même pas vrai : Maina Bourgeoizovna était encore à une soirée contes ou un truc comme ça. Mais je me connais et je l’ai reconnue, la fille de l’Office de tourisme : c’était la petite dame blonde de Rennes-en-Délires ! Dans le roman interactif elle s’appelle Isabelle Caffi et elle est un avatar d’Isaure Chassériau.
Bien sûr, j’aurais pu la suivre. Je pouvais prévenir mon épouse puisque j’avais, depuis très peu, un téléphone portable. Mais vous me voyez écrire un premier SMS tel que celui-là : « Je rentrerai plus tard : j’ai rencontré Isaure ! » ?
C’est des coups à avoir une scène de ménage avec son odalisque !
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean
le mardi 21 novembre 2017 d'après cette consigne.