VOLEUR DE FEU !
Ô Temps, suspends ton vol
Et cesse tes larcins !
Rends sa jambe à Rimbaud,
Son épouse à Verlaine,
Son ouïe à Smetana,
Elise à Beethoven
Et ses lettres au facteur à cheval !
Ô Temps, suspends ton vol !
Il est aussi gracieux que celui du nandou :
Comme un avion sans ailes,
Au ras des pâquerettes,
L’oiseau ne vole pas
Mais court en zigzaguant
Dans l’herbe des pampas.
Ô Temps, suspends ton vol
Et prends un peu du champ !
Fais de ce Marcel-là un champion des échecs !
Détourne-le de mettre à nu
La mariée qu’il trouve trop belle
Par des célibaterrifiants
Et son urinoir au musée !
Trop de thuriféraires de l’art contemporain,
Trop d’hystériques du concept
L’ont suivi et polluent, tristes, nos paysages.
Ô Temps, suspends ton vol
Pose-toi au tarmac !
Dessine des moutons aux princes de papier !
Laisse l’avenir en biplan !
Restitue ce que nous avions
Et aimions.
Laisse-nous vivre entre parents
Le reste de nos empennâges !
Fais-nous renaître Pompéi
Et recolle des bras aux Vénus de Milo !
Rends-nous Pierre Desproges et Coluche,
John Lennon et Léon Zitrone !
O Tôle, suspends ton vent
Et emmène Lamartine à la plage !
Ecrit pour les Impromptus littéraires du 18 septembre 2017 d'après cette consigne