A Cyrano moutard sa maman disait souvent : « Tes rodomontades me montent au nez ! ».

C’est que dès potron-minet il foutait la frousse au chat. Au lieu de lui filer du mou, il lui faisait moult agaceries. Le jeune gougnafier au visage chafouin avait bien repéré que le chat était pleutre. C’était un matou pusillanime comme on dit dans le Gard. Après ses ablutions matutinales le Mistigri subodorait que le jeune primesautier sortirait de sa besace quelque sottise ou cruauté à son endroit bien destinée. Quelquefois, à brûle-pourpoint, le garnement approchait une bougie de son pelage. « Ca sent le roussi ! » miaulait-il en son for intérieur et en se carapatant. Il traînait son gros ventre au-dehors de la maison, il fuyait les calembredaines du gamin pour aller s’en plaindre au coq Chantecler qui était du genre mère-poule avec lui.

La maman de Cyrano fustigeait fréquemment son marmouset : « N’as-tu donc dans ton escarcelle que des fariboles et des galéjades ? N’es-tu donc point en âge d’aller courir la prétentaine, de lever quelque jouvencelle callipyge, de trousser quelque domestique, à tout le moins de jouer au docteur avec une péronnelle des alentours ? Je finirai par t’emmener chez la sorcière Bardot si tu continues ainsi à faire dans la zoophilie ! ».

Que vous dire d’autre de Cyrano ? De par Dieu, pas grand-chose ! Je n’ai jamais constaté que l’on eût consacré à un paltoquet pareil une pièce de théâtre, un roman ou un biopic ! L’homme n’avait rien pour lui et mentait à tel point que son nez s’allongeait dès qu’il ouvrait la bouche ! C’est la seule chose qui lui valut de rester, dans des manuels d’histoires littéraires pertinents mais obsolètes, comme celui qui servit de modèle à Carlo Collodi pour son histoire de pantin de bois explorateur de baleines. Si n’était sa patrie périgourdine qui lui dresse statue, on l’aurait totalement oublié, ce matamore de rire !

Car, et bien qu’ayant goût pour le Layon aux côteaux mirifiques, je trouve le Bergerac aussi bien gouleyant ! Et donc, subrepticement, je m’en verse un godet et lève mon hanap bien haut ! Certes pas à sa gloire mais à votre santé à toutes et à tous !

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Ecrit pour le jeu n° 24 de Filigrane d'après cette consigne