REVISITER TINTIN (2)
Si, telle une décalcomanie, on faisait glisser cette image en dehors de la page de la bande dessinée, comprendrait-on de façon aussi évidente que les poissons sont observés à la jumelle ? En ces premiers jours de printemps ou je me sens primesautier, j’ai très envie de faire ensuite l’expérience suivante dans Photoshop : en évidant la surface des lentilles, en remplaçant les trois poissons par la Naissance de Vénus de Botticelli ou le portrait d’Isaure Chassériau par Eugène Amaury-Duval, déduirait-on réellement que je suis assez fou pour me promener dans un musée avec une paire de jumelles ?
Et si, pour Isaure Chassériau, à la place du huit renversé, l’image était un ovale horizontal, penserait-on que je suis entré au Musée des Beaux-arts de Rennes avec un masque de plongée ?
-Sahib gardien ! Sahib gardien ! hurleraient les Hindous un peu cafardeurs de la « Chasse au tigre » de Rubens, il y a un homme-grenouille qui danse la java et met de la flotte partout sur le parquet verni ! ».
On me courserait derrière pour m’éjecter de l’institution. Je ne vous raconte pas le rodéo que ça ferait en ce dimanche après-midi jusque-là paisible. Et pourtant, même si ce n’est pas « Tintin en Amérique » on est bien dans une aventure du petit reporter belge et non dans un album de Lucky Luke.