DE LA FONTAINE A L'ORATOIRE
Que deviennent
Nos antiennes,
Nos espoirs de fécondité,
Bonne santé,
Prospérité
En forme de monnaies anciennes
Ainsi jetés
Dans le fond de vieilles fontaines ?
C'est peut-être notre lot
De nous en remettre à l'eau
Pour que le bonheur en pluie
Améliore
De son or
Le sort
De notre aujourd'hui ?
Se peut-il qu'une naïade
A la nuit
S'en vienne faire ici
Baignade,
Attirée par ce feu qui luit
Par cette eau plus claire que la lune
Et plus qu'elle chargée de thune ?
Elle disparaît à l'aurore
Et va remettre son trésor
Dans la main du vieil architecte
Qui se délecte
En numismate
Devant ces monnaies disparates
De voir notre inventivité,
Crédulité,
Sagacité,
Naïveté.
Ainsi lavé,
Lové avec autant d'ardeur
L'argent n'a pas d'odeur
Mais l'argent ne fait pas le bonheur
La livre ne délivre pas du mal,
Le franc ne l'est pas du collier,
Le pfennig ne rend pas riche,
Le thaler fait le malheur,
L'euro ne rend pas heureux,
Le dollar fait le dos large
Et Margot pleure toujours devant le mélodrachme
O Pourquoi tant de yens dans un monde déjà si cruel ?
Non ce n'est pas une naïade,
Cerveau malade !
C'est une espèce d'Anita
Sortie de la Dolce vita !
Tout cela, c'est du cinéma
Et nous savons
Que nous rêvons
Car à pourrir dans la fontaine
Que voulez-vous donc qu'il advienne
A ces piécettes
Qui font trempette ?
Elles chopent une espèce de chtouille,
Elles rouillent,
Elles pourrissent comme Venise,
Elles vert-de-grisent
Et nos espoirs s'y amenuisent.
Alors, geste désespéré,
Du désespoir de cause
De qui se blesse aux roses
On va, déçu par ces arnaques,
Piquer le nez de Saint-Guirec
Sur la plage de Ploumanac'h
Pour être sûr qu'un jour
On sera de retour
Sur les voies de l'Eternel,
Sur le plus droit des chemins,
Celui qui, comme tous les autres,
Mène à Rome.
Alors que c’est ici,
Le Paradis !
Ecrit pour le Défi du samedi n° 345 à partir de cette consigne