LE TELEPHONE PLEURE (3)
Ils ont beaucoup discuté, ils ont fait des pauses quand le moteur du tapis broutait et qu’Anatole avait besoin d’en faire autant. Puis ils ont survolé l’Océan Atlantique, ses lettres magiques, enfin, celles du bout du mot « Atlantique » parce que finalement, le cyclone contestataire n’est pas si éloigné que ça de la roche tarpéienne où pousse le cannabis en contrebande des plates-bandes du couvent de Marguerite Gautier qui tousse comme un cochon (necnon margaritas ante porcos, Athos, Aramis et Dumas fils).
Ils sont enfin arrivés au-dessus de l’île de l’anticyclone et Claudette a fait descendre le tapis. Si vous ne l’avez jamais vu auparavant, il faut que vous le sachiez : l’anticyclone est un grand phare au sommet duquel tourne une vis sans fin. Une ogive nucléaire garnie de six grands panneaux solaires est perchée dessus et tourne en permanence. Dans les contes pour enfants, on les appelle les six pales et la fourbie
- Allez, Anatole, à toi de faire le vent contraire !
L’âne s’est souvenu d’un diaporama qu’on lui avait envoyé récemment au format Powerpoint dans sa boîte de messagerie électronique. On y voyait la reine d’Angleterre, le pape, des traders à parapluie, des Ecossais en kilt et des jeunes femmes en robe légère qui affrontaient avec plus ou moins de succès le vent fripon qui soulève les jupons.
Quand il s’est trouvé, à ce souvenir, complètement pété de rire, il a soulevé sa queue et a lâché un vent à décorner les bœufs. Alors l’anticyclone s’est arrêté. Philémon est sorti de la petite maison à droite du grand phare.