BAMBOULA SOUS LE BAOBAB A LAMBARENE
Sous le grand baobab, on entend l’ovation qu’envoie aux baladins la foule rassemblée. Les oreilles sont encore pleines du solo de basson de l’ophtalmo. L’artiste rigole dans sa barbe d’avoir volé la vedette à l’oto-rhino – ça, c’est rosse ! – dont la prestation bafouillante à l’ocarina a ressemblé par trop au barrissement d’un olifant, au babillage horriblement bateau d’une baleine d’origine occitane qui ne connaîtrait pas plus le contrepoint que l’ornement.
La prestation de l’autruche sur sa balancelle haut-perchée a fichu le bazar chez les spectateurs pris en otage et mis en haleine. C’est qu’elle a mené d’une baguette magistrale l’orchestre des babouins autistes. Dans des bananes sans orifice, à s’en rompre l’occipitus ils ont baratté de l’Offenbach, du Bach et même du Louis Armstrong à s’en faire péter les ovaires !
Et puis l’okapi Baladeur et Barbie, l’otarie obèse ont fait l’Auguste et le clown blanc. Ce fut l’alpha et l’oméga de la rencontre baroque entre le flanqueur d’horions à baluchon de la place de l’obélisque et l’odalisque grasse dont ostensiblement l’aura baltimorienne en appelle dès l’aurore aux métamorphoses d’Ovide, à la bagatelle et au jet de bonnet par-dessus le bastingage.
Quel barouf ils ont fait ! Pas besoin de haut-parleur pour que chacun entende le bruit des baffes, des onomatopées, de la bagarre au bazooka. Quelle baston haute en couleur ! Barillet et Grédy sans nul besoin de claque au Théâtre ce soir ! C’est tout juste si, barbouillée d’ordures et de barbe à papa l’otarie Barbie n’a pas fini en tas d’os sur le barbecue, accompagnée d’osso-buco et de batavia !
D’ailleurs tout cela nous a donné faim. Tout le monde s’en retourne à la cantine de l’hopital.
Madame Aubrée, la cuisinière, pour que l’on reste dans la note folle de cette fête, a barbouillé sur le tableau noir du menu :
- Auriculaires de missionnaires
- Babouches ottomanes dans leur sauce au Banania
- Darnes de Chevalier Bayard sans beurrer et sans brioche
Après il y aura bal costumé dans la chapelle. Le docteur Schweitzer jouera du piano au moins jusqu’à minuit.
A l’horizon, le soleil se couche. Sans ostracisme aucun, un vent léger balaie les restes de la mousse à raser qui garnissait les tartes à la crème des clowns. Puis l’ombre du grand baobab se confond avec celle de la nuit.
Ecrit à l'Atelier d'écriture de Villejean le 6 janvier 2015d'après cette consigne.
REECOUTE DE METISSAGE