C’est effectivement « Le voyage dans la Lune ». On est confortablement installé tout seul au premier rang à l’auditorium de l’Assomption. On a deux appareils photos dont la courroie est enfilée sur le poignet droit. Il faudra parfois les démêler au fur et à mesure que le spectacle avance car on passe du 220 qui enregistre des vidéos au 255 qui capte des visages.
Cet opéra féerique d’Offenbach, légèrement postérieur aux deux romans de Jules Verne sur le même thème, n’en constitue-t-il pas le contrepied exact ? De la science qui va permettre tous les progrès bienfaisant du XXe siècle dont deux exterminations mondiales et des dommages collatéraux, de toutes ces machines à fabriquer des trente glorieuses et des décérébreuses à images nous ne verrons rien. Le roi Vlan arrive à pied avec sa couronne redorée. Le prince Caprice, en short et casque colonial, arrive lui aussi pedibus cum gambis avec son sac à dos. A l’observatoire, point de lunette géante pour mater les dés-astres à venir. Les astronomes, le nez en l’air, ont l’œil rivé à des télescopes de carton qui deviendront bien vite des petits tabourets pour s’assoir et tenir conseil.