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Mots et images de Joe Krapov
16 novembre 2014

CHAMAN BOUCHE UN COIN !

Personne n’a jamais courtaudé le Malin mais tout le monde tire le diable par la queue. C’est sans doute que ventre affamé n’a pas d’oreille. La faim justifie que les moyens aillent se vendre tandis que les grands se gobergent. Ce que les petits gagnent, n’en parlons pas. Pourquoi les appellerait-on gagne-petit, sinon ? Tout ça pour dire qu’à cette époque plutôt opaque et peu épique je faisais le vigile dans un supermarché. Hé, quoi, il faut bien vivre ! S’il n’était de mâchicoulis, que ferait la colichemarde ? Que les péronnelles mutissent, peu me chaut : du début à la fin de mois, je croûte. Crise !

Tout était calme ce matin-là. J’ouvrais un oeil numillitique et surveillais les caisses et les têtes de gondoles pas assez vénitiennes à mon goût quand la cliente chic est entrée. Choc !

Elle avait le type asiatique, était coiffée d’une drôle de toque. Elle n’avait ni balantine, ni sacvuittone, ne poussait nul Caddie ®. Elle semblait un cadeau, ça semblait du gâteau, un carton. Trop facile, trop gracile, trop belle pour être honnête ! Claudiquant, Cafougnettesque, Roubaisien, je la pris en filature, j’emboîtai le pas à sa mise.

Je la filai à provisions car, c’est peu de le dire, elle avait avantages à foison. Elle avait beau être toute seule il y avait déjà bien du monde au balcon. Tout en lui filant le train, je surveillais ses arrières en même temps que César Franques mais elles n’étaient alors que Gauloises et partirent enfumées. N’allez pas pour autant faire de moi une freloche car plutôt que par les siennes, à Madame Bellepaire, j’avais été séduit par son allure fière et bien intrigué je le jure par cela qu’elle jurait et semblait intrigante. Oui, professionnellement j’aime que l’on me hameçonne, que Madame me sonne pour que je la soupçonne. J’adore savoir ce qui se trame et suis pour cela capable de suivre le fil d’une histoire jusqu’à son travoul même ! Et voilà le travoul, m’exclamé-je souvent quand la cliente un peu dinde vite son sac de New Delhi pour dévoiler le corps dudit. Délicieux délit, adorable larcin pour Larsan, chambre jaune, dame en noir, détective au parfum, rapine qui n’alla pas plus loin qu’aux arpents du magasin.

Mais là, bizarrement, non. Pas de poches à sa levantine, pas d’emplettes, pas d’embrouilles, pas même de farfouille au rayon des chaussettes. Pas même l’air d’être en repérage, la perruche. Je commençai à me dire que je faisais fausse route, allais vers la déroute, pédalais dans la yourte ou même dans la choucroute. J’allais m’en retourner à mon poste de guet pas gai quand la fille aux yeux bridés, aux pommettes mongoloïdes et à la toque toquée pivota sur elle-même et me dit :

- Cessez de me suivre ou j’appelle un agent !
- Allez-y, je suis là, répondis-je en exhibant mon badge.
- Eh bien quoi ? me fit-elle. Vous avez un problème ?
- Vous… Vous m’attirez ! bredouillai-je. Vous scintillez comme une étoile, vous allez sans bile comme une comète. Oh ma chourie, chourie ! Voulez-vous Philéa l’anglaise avec moi ?

Elle haussa les épaules, me traita de vermisseau et s’en fut tandis que, Fu Manchu déconfit et confus, je regagnais mon poste de vigile près des caisses.

Cinq minutes plus tard je la revis qui faisait sagement la queue pour payer son achat. Ca ne manquait pas de sel : elle avait acheté un puchoir, la Messaline des steppes de l’Asie centrale. J’avais juste oublié que quelquefois le cow-boy Marlboro dîne. Elle ramassa sa monnaie et sortit, me jetant au passage un dernier regard méprisant : « Un coup de dédain jamais n’anoblira le bazar » a dit le poète.

Je la suivis des yeux. Elle traversa la rue, s’arrêta sur le trottoir d’en face, se retourna et regarda le magasin. Elle répandit le sel en cercle autour d’elle. Elle posa le bout de ses doigts écartés les uns des autres de chaque côté de sa tête, contre ses tempes, elle ferma les yeux et se concentra.

D’abord il ne se passa rien. Puis petit à petit un brouhaha sembla s’élever depuis le fond du magasin. Délaissant ma sorcière bien aimée, bien haineuse voire vénéneuse, je me tournai vers le foyer d’agitation. Les clients s’étaient tous immobilisés, surpris par le phénomène. Au début c’est venu depuis le rayons chips et puis ont suivi les gâteaux apéros et les friandises en sachets. Les paquets se sont gonflés d’air, émettant une série de bruits secs mais restant rebondis à la limite de l’éclatement. Puis un premier paquet s’est élevé dans les airs entraînant les autres à sa suite. Lentement ils se sont approchés des caisses, sont restés suspendus à trois mètres de hauteur et ont attendu là tandis qu’ici et là, tous les autres articles du magasin, dryades, acétabules, vol-au-vent, boîtes de conserves de concert gagnaient l’oblast des monts célestes. Bientôt les surgelés entrèrent dans la danse et gagnèrent l’Altaï. A la fin le magasin ne fut plus qu’un désert de Gobi sans plus rien à gober pas même le boulgour et clients, caissières et vigiles sidérés assistèrent à ce vol à flanquer le bourdon. A quoi ça rime si le Nesquik hisse l’écorce à Coffe (J.-P.) ?

Enfin tout le fourbi, rangé en file indienne se mit à zonzonner par-dessus les portiques antivol qui n’avaient jamais si mal porté leur nom que ce jour-là. Les premières marchandises s’engouffrèrent dans la porte à tambour qui devint un manège plus coloré encore qu’un medley de chansons de Walt Disney. Dehors, stupéfiés, les passants du Centre commercial regardaient hébétés la boutique se vider sous les yeux du videur qui bientôt le serait lui aussi, vidé, de la boîte.

Le patron sortit de son bureau et, comme si je n’étais qu’un costume, m’alpagua :

- Mamadou Lambatar ! Qu’est-ce que c’est que ce foutoir ?
- C’est un hold-up, patron ! Un casse de haut vol !
- Qui a fait ça ? Et pourquoi personne n’a prévenu la police encore ?

Je regardai dehors. Avec toutes les marchandises à sa suite, la Mongole fière s’était envolée !

DDS 324 Mongolfière

 

Ecrit pour le Défi du samedi n° 324 d'après cette consigne.

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16 novembre 2014

Jour de pluie à Rennes Beaulieu le 12 novembre 2014 (1)

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Quelquefois la pluie
Vient chanter sous ma fenêtre
Et jouer des claquettes

16 novembre 2014

Jour de pluie à Rennes Beaulieu le 12 novembre 2014 (2)

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Ces jours-là il fait quand même
Des lumières à se damner.

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Un cerisier à Rennes Beaulieu le 14 novembre 2014

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RECHAUFFEMENT C(E)RISEMATIQUE

Le cerisier prend
Très tard, à la mi-novembre,
Des couleurs d'automne

Est-ce en juin, effet pervers,
Que terminera l'hiver ?

15 novembre 2014

Rennes Villejean le 31 octobre 2014 (1)

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Ces pots géants dans cette jardINRI en plein air sont l'occasion de dire
comme on s'est régalés hier soir au spectacle de Xavier Lesèche "Luc s'y perd

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15 novembre 2014

Rennes Villejean le 31 octobre 2014 (2)

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- Pot belge ?
- Non, pot breton !

15 novembre 2014

Rennes Villejean le 31 octobre 2014 (3)

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- C'est censé me rendre ma zénitude mais ça marche pô !
- Pourquoi ? Qu'est-ce qui est écrit sur la banderole ? Un haïku de Sebarjo ?
- Je ne sais pas ! Peut-être bien, tout simplement :

ZU

MCF

OHSUE

NLTAVR

-----------

...............

Après, je ne vois plus !

15 novembre 2014

Rennes Villejean le 31 octobre 2014 (4)

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- Et ça, sur le dos de la chaise, ça veut dire quoi ?
- Peinture fraîche ?

13 novembre 2014

Plantes grasses à Barcelone : autour de Montjuic le 2 mai 2014 (1)

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 Monter jusqu'au château, ç'agave certainement ceux qui n'aiment pas m-archer !

13 novembre 2014

Plantes grasses à Barcelone : autour de Montjuic le 2 mai 2014 (2)

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 Pas que laid... pas que les... pas que les grands qui rêvent !

Pas que beau... paquebot... paquebot derrière cactus !

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