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Mots et images de Joe Krapov
5 mai 2014

Haïku barcelonais : le park Güell le 29 avril 2014 (4)

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Au soleil qui brille
Pousser comme un chant-pignon
Un "Gare aux morilles" !

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4 mai 2014

Une vitrine de kitscheries à Barcelone le 30 mai 2014 (1)

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 L'Espagne est un pays dans lequel on tue beaucoup de taureaux pendant les corridas...

4 mai 2014

Le Park Güell à Barcelone le 29 mai 2014 (1)

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 ... et où l'on casse beaucoup d'assiettes pendant les scènes de ménage...

4 mai 2014

Une vitrine de kitscheries à Barcelone le 30 mai 2014 (2)

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 ... parce que l'oeil noir du toréador a trop regardé Carmen et qu'Emilio en devient jaloux !

4 mai 2014

Le Park Güell à Barcelone le 29 mai 2014 (2)

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 Heureusement qu'il existe des architectes géniaux capables de recoller les morceaux !
Hip ! Hip ! Hip ! Hourra ! Un banc pour eux !

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4 mai 2014

SE PERDRE EN CONJECTURES A PROPOS DE TEXTURES


MIC 2014 04 28 pavillon réduit

Du pavillon coquet qu’il habitait avec sa douce, le vieux professeur de philosophie, M. Lamoureux, ne sortait que rarement. C’était l’ancien logis du garde-chasse. Il était situé à l’arrière du château, au bout du parc, près de la pièce d’eau. C'est dire si on vivait sur un grand pied, ici, jadis. M. Lamoureux y avait installé sa très riche bibliothèque et, dans la compagnie de Madame, de ses livres et de leurs chats, il aurait pu finir là une existence bien remplie et toujours fort studieuse si Madame Lamoureux n’avait eu à ce point la bougeotte, voire la manie des voyages.

Depuis qu’ils étaient en retraite elle réussissait à traîner son bougon de mari au moins deux fois par an à l’autre bout de la France et même quelquefois, à l’étranger. C’est ainsi que, la veille au soir, ils étaient rentrés d’un séjour d’une semaine en Espagne.

Dès après le petit déjeuner, Madame s’était précipitée sur son ordinateur pour y dépoter le millier de photos de palmiers, de cactus et d’agaves qu’elle avait capturées dans les parcs et jardins de Barcelone. L’objectif était de les partager avec ses amies botanistes du Net. Si tu n’aimes pas les chats et ne sais pas le nom des fleurs, un conseil, mon ami, ne va pas sur Internet !

Monsieur avait lui retrouvé ses livres d’art, sa collection d’essais de Montaigne dont Madame disait qu’il était piètre rugbyman car il n’en avait jamais transformé aucun. Enfin, peut-être que si, mais dans ses souvenirs d’enfance, elle n’avait jamais entendu Roger Couderc glisser un seul mot là-dessus.

Il avait lui aussi rallumé son ordi puis, riche de son expérience d’une semaine parmi l’humanité de derrière les Pyrénées, il avait repris son travail en cours sur l’application de la philosophie des Lumières à la société « post-industrielle à caractère hautement épris de numérique dans l’étrange et troublante temporalité de l’ère 21 ».

 

MIC 2014 04 28 poids de la couleur

Madame appelait cela le projet Pichenette et Monsieur, qui n’était pas versé dans la pusillanimité ni dans les acronymes cherchait un autre titre à sa thèse depuis que, dans un éclat de rire inextinguible, elle lui avait révélé le sigle qu'on pouvait appliquer à la partie entre guillemets de la phrase précédente.

Il se remit à taper sur son clavier, poursuivant là où il s’était arrêté avant d’aller se nourrir de tapas, faire la queue au Park Güell, admirer les rondeurs de la Sagrada familia et surtout traîner la patte et tirer la langue pendant des kilomètres derrière sa Dora l’exploratrice en mode marche commando.

« On peut, considérant les diverses textures dont est faite l’humanité, diviser le « corpus disserens » en Voltairiens et Rousseauistes. D’un côté, les adaptés, les soyeux, les lisses, les affables, les sociables, les courtois, les diserts pour lequel le risque existe de tomber dans ce que Voltaire dénonce avec ironie dans sa célèbre formule « Les bavards sont les plus discrets des hommes ; ils parlent pour ne rien dire ». En effet, que reste-t-il du flot intarissable de paroles des vaccinés par une aiguille de phonographe ? Combien faut-il vider de verres et lâcher d’inepties dans les cafés du monde entier pour qu’une seule saillie géniale de poésie absurde puisse être notée par Jean-Marie Gourio dans ses Brèves de comptoir ? Depuis que l’Ecole Belge dite du « Tout sauf Marcel en morse » en a fait la preuve par l’absurde, posons-nous la question avec elle : fallait-il vraiment autant de communications affectées, de codes aristocratiques, de baisemains, de pince-fesses, de tortillages de derrières, la coupe de Champagne à la main ou la madeleine trempée dans la tasse de thé pour que nous héritions de Proust, ma chère et n’y a t-il pas lieu de regretter la ciguë de son existence et ses si peu exiguës stances ?

Face donc à ces discrets nous avons les rugueux, les râpeux, les taiseux, les épineux, les broussailleux, ceux qui ont comme Manset par voyager en solitaire, ceux qui ne disent rien mais n’en pensent pas moins, ceux qui ajoutent Alceste de misanthropie dans leur acidi-thé au citron, ceux qui rêvent de flou sur la colline, ceux qui mondedusilencent, ceux qui observent sans verve, ceux qui prennent le parti du dragon contre le boulevard Saint-Michel, ceux qui, pas loin du mysticisme, mettent des couleurs sur le monde, foutent le feu aux toiles, regardent le soleil, les oiseaux, le ciel, les femmes et les fleurs et s’en font univers débordant de splendeur et de gloire jusqu’à permettre envol à tous ceux qui survivent et veulent bien les suivre.

Si les paroles s’envolent, si les écrits restent et si la cathédrale est encore à construire, existe-t-il moyen de faire cohabiter les deux catégories ci-dessus mentionnées ? ".

Monsieur Lamoureux arrêta de taper et avant de reprendre, il énonça tout haut la phrase qu’il avait eue sur le cœur pendant tout l’après-midi à Montjuic, la colline des musées de Barcelone :

- Amis discrets, mes frères, il suffit de peu de choses pour que vous aussi vous puissiez vous élever par-dessus la futilité de votre bavardage. Pour que l’on puisse vous prendre en considération, pour que la transcendance ait lieu, pour que vous puissiez gagner quelques centimètres de taille humaine et commencer à communier avec le géant, il y a une chose très simple à faire : lorsque vous visitez la Fondation Miro qui est rappelons-le un musée et non une bodega, surtout vous, là, les familles françaises et les ados luxembourgeois, APPRENEZ A FERMER VOS GUEULES !

Or, juste à ce moment-là, la sonnerie du portable de Madame Lamoureux retentit. Le cri de Tarzan qui se frappe la poitrine. Cela lui rappella tous les touristes à « selfies » qu’ils avaient croisés sur leur chemin, ces couples qui lui avaient même parfois demandé de les photographier. "Mais oui, vous êtes beaux, Narcisse et Echo !".

Madame Lamoureux a attrapé son téléphone et la voilà qui, elle aussi reprend, là où elle l’avait interrompu, son bavardage avec ses voisines de partout. 

MIC 2014 04 28 Miro cheveu

Joan Miro - Cheveu poursuivi par deux planètes

En fin de matinée, M. Lamoureux sort faire sa promenade apéritive autour du lac. Il ne le dira pas à Madame Lamoureux mais Barcelone, pour lui, ça a été un peu « Chauve qui peut le monde ! ». Jamais auparavant il ne s’était senti à ce point comme là-bas pareil à un cheveu poursuivi par deux planètes.


Ecrit pour "Un mot, une image, une citation" d'après cette consigne :

Un mot : textures
Une image :
Merci à Morguefiles pour l'image.
 Une citation : Les bavards sont les plus discrets des hommes ; ils parlent pour ne rien dire.  - Voltaire
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