- Mais alors, demanda la plus grande, vous n’avez jamais su qui avait commis ce meurtre ?
- Si. Après le départ de Feu de recul, mademoiselle Georgette a repris l’enquête. Elle est allée fouiller dans le cabanon du gendarme. Elle y a découvert ses états de services. En 1939, Raballand était un des gardiens du fort de la pierre levée où l’on avait enfermé, dans des conditions assez drastiques et quand je dis drastiques je devrais mentionner le manque de couchage, de nourriture, d’hygiène et la profusion des rats, les 282 élus communistes arrêtés après la dissolution du PCF. C’était l’époque du pacte germano-soviétique. Mademoiselle Georgette a trouvé dans la liste des détenus un nommé Kerpoiraud.
- L’inspecteur ?
- Son père. Elle est allée elle aussi voir les registres des hôtels et de la Compagnie vendéenne de navigation. A l’hôtel du Grand large elle a noté l’arrivée, la veille du meurtre, de devinez qui ?
- Feu de recul !
- Exact.
- Et alors ?
- Et alors, rien. C’est une histoire de vengeance familiale, une affaire d’honneur, peut-être. Nous on ne se mêle pas de ça ni de politique, ici. Tout à l’heure nous nous arrêterons au cimetière et je vous raconterai la tentative d’enlèvement des cendres du maréchal Pétain en 1973.
- Vous nous avez raconté là une belle histoire de Vendée-tta ! Je trouve que vous vous y entendez à merveille pour faire parler les morts !
- Merci, beaucoup, mademoiselle !
- Vous savez, nous on n’a pas de mérite. Les morts, on les fait même voter chez nous. On vient de Corse !
Ce texte a été écrit à l'Atelier d'écriture de Villejean d'après la consigne des Impromptus littéraires du 13 mai.
Le texte n'a cependant pas été envoyé à cause des connotations politiques contraires aux règles de neutralité de ce site.