DE CE QUI SE PASSE DANS UN ATELIER D'ECRITURE
23 lignes pour parler de ce qui se passe dans un atelier d’écriture ? Mais on nous demande l’impossible ! Car s’il y a bien une consigne au départ, il n’y a pas de règle générale à l’arrivée ! En tout cas de règle avec laquelle taper sur les doigts de celui qui ne l’a pas respectée ! Vous me direz « C’est bien la peine alors que l’animateur se décarcasse pour lire, en ses nuits d’insomnie, les bouquins d’Odile Pimet, les œuvres complètes de fRIGIDE Barjot ou l’intégrale des discours de Christine Boutin. Eh bien justement, la peine, tout le monde se la donne dans ce club sado-masochiste où des gens forcément différents se retrouvent chaque semaine, reçoivent une mission de pensum plus ou moins tordue et planchent pendant une heure pour pondre quelque chose qui ne ressemble à rien de ce qui était attendu.
- J’ai oublié de placer les mots ! » dit l’un
- Je n’ai rien compris ! »dit l’autre
- Ca va pas être terrible ! » dit la troisième avant de nous lire un texte réellement génial.
Et puis il y a les obsessionnels, celles et ceux qui prennent avec Jésus le chemin de la Passion pour décrocher le titre d’obsédé textuel de la bande. Nous avons donc eu droit par le passé à l’éloge hebdomadaire de l’usage de la sauge par Yannick, à la vie racontée en épisodes plus ou moins délirants de Mlle Isaure Chassériau, directrice de l’Agence de Flânerie Amoureuse de Rennes – c’était bien avant l’existence de Meetic ! – par votre serviteur, sans oublier le panégyrique à répétition de Laure Manaudou par Anne –Françoise.
Au-delà de la production littéraire hebdomadaire l’atelier est un lieu de rencontres assez invraisemblables. Entre Eugène qui, depuis qu’il nous a quittés, fait le tour du monde à bicyclette et Jeanine qui vivait en concubinage avec Bernard Tapie à l’époque des débuts désargentés de « La Vie claire » et qui mettait les slips d’icelui à sécher à l’arrière de leur Mercédès, entre la seule Africaine blanche de Villejean et sa voisine poétesse limousine, entre les Finistériens et les Ch’tis, les instits, les infirmières et les bibliothécaires, quel brassage de mots, de cultures, et surtout quel calme pendant cette heure d’écriture. C’est à se demander si le monde continue d’exister au-dehors, s’il est important que Jérôme ait planqué 600 000 euros ou quinze millions en Suisse ou à Singapour ou dans la tirelire à Nestor. On s’en fiche ! Nous, chaque semaine ici on est heureux !
Avant que la limite des 23 lignes ne soit atteinte ou dépassée, prenons notre (salle) Mandoline et chantons-le encore une fois : « Y’a d’la joie ! Bonjour, bonjour les hirondelles ! ».
« Personne ne se prend pour Arthur
Dans notre atelier d’écriture !
Verlaine, tu peux ranger ton flingue
On est heureux d’être un peu dingues,
On ne fait de mal à personne
Avec les bonheurs qu’on se donne
Et même, lorsque revient l’automne,
Nos écrits n’sont pas monotones !
Allez rang' ton Smith et Wesson !»
Ecrit à l'Atelier d'écriture de Villejean le 9 avril 2013 sur le thème "La chronique de Joe Krapov" :
Inclure dans un texte l'incipit "23 lignes pour... mais on nous demande l'impossible !".
Citer Christine Boutin, Jésus et Frigide Barjot, un ou deux titres de chanson, une marque commerciale et vers la 23e ligne inclure la formule "Avant que la 23e ligne ne soit atteinte ou dépassée".
N.B. : Le copyright des illustrations est, pour la une, Mathilda De Carpentry et pour la deux Pietro Paolini