PLEIN LE CORNET !
Plaignez moi les aminches ! La société est bien barrée et c'est dur d'être un homme aujourd'hui !
Les souris deviennent vertes dès que tu poses ton coquillard sur l'herbe tendre et qu'il y a un mot de travers qui dépasse de ton vocabulaire !
Là, ce soir, avec le mot "gonzesse" au milieu de ma liste j'ai encore une fois tout fait pour que les poules me volent dans les plumes ! Ah quelle bath idée j'ai eu, les poteaux, d'aller piocher mes mots dans une chanson de Momo, l’ineffable Maurice Chevalier, le gars qui s'est fourré plein de picaillons dans les poches et qui est devenu prospère en chantant « Yop la boum ! ». Il a tout pour plaire à ces dames d'aujourd'hui, l’hagiographe des releveurs de compteurs, des harengs, des maquereaux, des désormais insoutenables souteneurs.
Pour être honnête avec vous mézigue qui avais du goût pour ce répertoire de chansons des années 30 à 40 je pense quand même que celle-ci, « Prosper » est réellement bien crade et que je peux coller à la baille la moitié de mes partoches parce que du « Mauvais garçon » à « La Tonkinoise », de « Comme de bien entendu » à « Fais-moi mal, Johnny ! », toutes ces histoires de malabars, de durs de durs qui chipent leur braise aux mômes et les traitent comme si elles étaient les der des ders, je suis bien d'accord, c'est pas des manières !
Mais je les vois venir, les musaraignes ! Même si je leur chante le « Ma gonzesse » de Renaud, même si je leur explique que je mets tous les jours les petits plats dans les grands pour « ma princesse, celle que je vis avec », elles ramèneront quand même leur fraise vu que la cause est adoptée, installée profond dans leurs fouilles et que la litanie ressort toujours, balancée à chacun quoi qu'il ait fait ou pas : « Tous les mecs sont des salauds ! »
Oui, c'est vrai, en ce moment il y a du choix, il y en a plein des costards à tailler ! Entre les violeurs, les harceleurs, les zigomars, les pas classes, les proxos, les envahisseurs, ça devient difficile, avouez-le, de vendre l'homme honnête, le mari chouette, le copain drôle.
Elles sont toutes à se demander toujours : « Où sont les trous dans la raquette ? Sur quoi met-il le voile, ce mec ? Combien de victimes à l’actif de ce Barbe-bleue de banlieue ? » Franchement vous me soupçonnez réellement de danser le joyeux tango des bouchers de la Villette une fois que je suis sorti de l'atelier d'écriture ? Alors que les rares fois où je vais au fest-noz je garde les sacs de mes copines !
Quand je suis trop groggy de ce procès permanent, quand ce très Léonard Cohenien « There is a war between the man and the woman » m’esquinte le vase alors je trisse, je calte, je me calfeutre, je traîne en tatanes dans ma piaule, je mets la viande dans le torchon et une fois au pajot, pour un peu, je relirais bien du San Antonio mais je crois bien qu'avec l'âge le goût m'en est passé ou alors ce sont les voix de Greta Thunberg et de Judith Godrèche qui commentent « Les vieux schnocks parlent aux vieux schnocks » et ça, avouez le, ce jeunisme écologique servi en cerise sur le gâteau, ça prend le chou quelque part !
P.S. Je signale pour le fun que le dictaphone de Windows dans Libre office a remplacé les mots « gonzesse », « trous » et « fest-noz » par une volée d’astérisques ! Même les mots n’auront plus droit de cité bientôt ! L’intelligence artificielle lave plus propre ? ;-)
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 26 novembre
d'après la consigne AEV 2425-10 ci-dessous