REVISITER TINTIN (3)
Mais revenons à nos moutons ou plutôt à nos pigeons. La manutention de phrases digressives étant mon fort, la deuxième idée qui me vient à l’esprit est bien celle du jeu de con qui s’appelle « pigeon vole ». En effet, la place naturelle des poissons est dans l’eau. Or on voit sur notre image des poissons qui flottent dans l'air. Ils sont pour ainsi dire de drôles de cosmonautes, sans scaphandre, sans tuyau et bien sûr sans semelle de plomb. On n’est donc pas dans « Le Trésor de Rackham le rouge » ni non plus dans « On a marché sur la Lune ». Les « petites flèches d’argent » dont parle Tintin dans la case précédente sont observées en légère plongée. On voit leur profil droit, elles se dirigent vers la droite. Leur déplacement est indiqué par deux traits parallèles derrière leur queue, un court et un long, suivi de trois autres traits si raccourcis qu’on pourrait les assimiler à des points.
Tout le fond de l’image est d’un bleu uni et le fait qu’il s’agit de la mer et non du ciel est signifié par les représentations d’écume (des jours ?) ici et là. En plissant les yeux on compte deux (nouvelles ?) vagues couvertes de petits îlots blancs, allongés, biscornus. Ils pourraient être Chypre, la Crète, le Chili détaché pour un temps de son entreprise sud-américaine « Cordillère des Andes SA ».
Les ailes violettes des exocets forment toutes des angles de valeur différente. Aucun signe graphique ne nous signifie qu’elles sont en mouvement. N’étant pas doté d’ailes moi-même et n’ayant pas mon encyclopédie de Madame Wikipe sous la main, je ne puis dire ici si le poisson volant, à l’instar de l’Albatros, du goéland ou de Plastic Bertrand, a la possibilité de planer sans remuer les ailes lorsqu’il a acquis suffisamment de vitesse.
Force est de constater : quelques traits de crayons nous ont tout dit sur la situation : un type, sur une plage ou sur un bateau, observe des poissons volants avec une paire de jumelles.
Maintenant le phylactère : le gars (ce pourrait être une fille aussi, mais il y en a peu dans Tintin) commente le spectacle qu’il observe et il dit : « … jaillissent des vagues et qui… Hop ! En voilà deux… Et là, trois autres…"