LA FONTAINE STRAVINSKY
Quand le soleil écrase trop les carafons,
Quand la chaleur s’en vient courir la prétentaine,
Quand Paris sous un ciel bleu profond se morfond
L’idée vous vient d’aller tremper dans la fontaine
- D’y enfoncer ! – vos dix orteils, vous doux arpions.
Justement Stravinsky est là – la bonne aubaine ! -
Qui vous tend ses rebords comme fonts baptismaux.
Pas besoin de pousser jusqu’au bord de la Seine :
Paris-Plage est blindée, ce n’est pas un vain mot,
Les fondus de bronzette en ont fait leur domaine.
Ici, sur la placette, on dirait la Provence.
La canicule a bousculé vos fontanelles,
L’eau refroidit le corps et vous met en vacance.
Pour un peu les cigales y feraient villanelle,
Entameraient la rengaine de l’innocence.
Il serait infondé de voir là des fredaines,
De la défonce, de la frime, des hautaines.
Non, c’est le tout-venant de la foule sereine
Qui vient goûter à la fraîcheur ; la chose est saine.
Jonas aussi se réfugie dans la baleine
Au contact du liquide on puise paix profonde.
Sur les bras l’eau ruisselle en perles de rosée.
Les verres noirs devant les yeux changent le monde :
Rafraîchi, purifié. Se peut-il que, d’une âme apaisée,
D’un simple bain de pieds on arrête sa ronde ?
Fontaine Stravinsky on sacre le printemps !
Les saisons se défont ! On arrête le temps !
Ecrit en état d'insomnie le 16-11-2024
d'après la consigne AEV 2425-08
de l'Atelier d'écriture de Villejean