Hommage et remerciements à Gwenaëlle N. (3)
D’écailles et de métal 2 (Encore une réécriture de Georges)
Mon épée vient de transpercer sa gorge. Tout est fini, plus de traque, plus d’embuscade interminable dans les marais à attendre que la créature daigne se montrer. Plus que le silence assourdissant de la mort et son sang chaud qui coule le long de mon épée. Le monstre a la gueule béante. Ses yeux écarquillés de surprise et d’incompréhension me regardent. Il sait qu’il va mourir et il sait qu’il ne veut pas mourir seul. Dans un dernier élan, l’épée toujours coincée entre ses mâchoires, il me saisit d’une embrassade fatale. Je n’ai pas réagi à temps. Il est trop tard. Plutôt que de lutter j’accepte le baiser mortel de ma victime et de mon meurtrier. Dernier geste tendre avant une mort violente.
Nous nous rejoignons dans un fracas d’écailles et de tôle. Son corps brûlant fait fondre mon armure et le métal en fusion s’insinue dans ses plaies. Mes os cèdent les un après les autres sous la pression de son étreinte. Ils se brisent pour mieux laisser le reste de mes chairs s’agglutiner contre le flanc du reptile.
Au contraire de la violente rencontre de nos deux corps, la fusion est longue. Doucement, comme une danse macabre, nos corps se plient et se replient, se tordent comme une brindille qui se consume.
Bientôt nous ne serons plus qu’un tas informe d’écailles, de métal et de sang.
Pour entendre ce texte lu par son autrice, c'est ici :
https://www.errances.fr/?attachment_id=23282
Pour entendre les deux beaux textes à propos de la langue, c'est là :
Texte écrit puis lu sur une proposition de Dominique : prendre une expression au pied de la lettre.
Ici, avoir la langue bien pendue :
https://soundcloud.com/gasteropod/suicide-linguistique
Et en bonus un texte que je n'ai pas fait en atelier :
https://soundcloud.com/gasteropod/la-langue